Quand j’étais petite, j’étais fascinée par l’autocollant jaune accolé à la porte d’oncle André et tante Marianne. Un soleil rouge disait : “Nucléaire non merci ! ” Mon papa tenait un tout autre discours et nous l’écoutions fièrement raconter ses exploits sur les lignes à haute-tension qu’il avait tirées depuis la centrale. J’ai donc grandi au pied de la centrale nucléaire, ses lumières hypnotiques m’aidaient à trouver le sommeil et j’étais fascinée par les nuages fabriqués comme autant de barbe à papa par ses tours. J’ai appris qu’on était soit pour soit contre le nucléaire, un peu comme on est athée ou croyant. J’avais choisi évidemment puisque lorsque l’on est une petite fille on apprend d’abord de ses parents. Mais ils m’ont appris aussi que d’autres personnes pouvaient penser autrement, et c’était très bien ainsi. Depuis, de l’eau à coulé sous les ponts et des nuages au gout amère de mort ont traversé les frontières. Je me réveille à présent avec la présence familière de cette vielle dame qui aurait du prendre sa retraite à 30 ans. Le souvenir apaisant qu’elle m’a procuré enfant laisse place parfois à une inquiétude, surtout lorsque je l’entend tousser. Surtout la nuit. Et à chaque fois, je revois l’image du petit soleil rouge qui me sourit.
Hier, j’ai accompagné Tristan au kilomètre 22 de la chaine humaine de 90 kilomètres de 50.000 personnes demandant l’arrêt des centrales nucléaires de Tihange et de Doel. Tristan a été sollicité par l’association Nature et Progrès pour être un des cameramen couvrant l’événement. Un peu étonné (il ne connaissait pas l’association), il a accepté le défi puisque l’écologie est une cause qui lui tient à coeur.
Nous avons vu des cars entiers, venant d’Allemagne pour la plupart, déversant petits et grands, parfois à 4 pattes, parfois trainant la patte, mais tous vaillant et attendant patiemment ce petit quart d’heure où chacun s’est tenu la main, de Tihange à Aix la Chapelle, en passant par Liège et Maastricht. Je me suis nourrie d’humanité et le petit soleil rouge était encore là demandant cette fois : “quand va t’on fermer” ?
Et pour le petit clip bien rythmé réalisé par Tristan, c’est ici : https://youtu.be/rXmEbjpX_rs
https://youtu.be/rXmEbjpX_rs